Nämä sivut on optimoitu kaikenlaisille laitteille. Selaimen omasta valikosta voi vaikuttaa kirjasimen kokoon Lähennä-komennolla, ja tekstirivin pituutta saa muutettua ikkunaa kaventamalla tai leventämällä.
Israël, tu seras la lumière des peuples!
Nous offrons aux savants et aux curieux la première traduction complète de l’œuvre maîtresse de la Cabale juive. C'est un recueil d’homélies, de commentaires mystiques sur le Pentateuque et de traditions d’origines diverses et d’époques différentes. Il fut imprimé pour la première fois à Mantoue, en 1559, sous le nom de «Zohar».
Le nom de «Zohar», donné à ce recueil se rencontre tout d’abord sous la plume de Moïse Botarel. Rabbi Aaron Askenazi est le premier qui emploie le mot «Cabale», dans le sens de «doctrine ésotérique traditionnelle». La Cabale prise dans ce sens est précisément l’objet de ce recueil.
Le Talmud désigne par «Cabale» la tradition en général, et il appelle «secrets et mystères» la doctrine à laquelle nous donnons spécialement le nom de «Cabale».
On ne connaît aucun manuscrit antérieur à l’édition de Mantoue. C’est une des raisons pour lesquelles certains savants doutent de l’antiquité et de l’authenticité du «Zohar».
Pic de la Mirandole avait fait traduire en latin le
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même ouvrage. C’était un des trois manuscrits cabalistiques qu’il avait achetés à prix d'or, et desquels il disait avoir tiré la plupart de ses thèses : De omni re scibiliᵃ.
Gaffarel, qui donne le sommaire des trois manuscrits de Pic, ne désigne pas le premier (qui est exactement notre recueil) sous le nom de «Zohar». Pourtant, dans la préface de son opuscule, il nomme les «livres célèbres Hazoar et Habair». Il attribue la compilation de cette œuvre à Rabbi Levi de Recineto, vulgò Recanati. Le premier des manuscrits de Pic est bien le même ouvrage que le recueil imprimé à Mantoue, sauf quelques sections du Deutéronome que Pic a eues seul entre les mains, et non les éditeurs de Mantoue. Cela prouve tout au moins qu’il y a eu des manuscrits, et de beaucoup antérieurs à l’édition de Mantoue. On en conclut également que, du temps de Pic (XVᵉ siècle), et même de Gaffarel (XVIIᵉ siècle), le nom de «Zohar» n’était pas donné par tous à cette œuvre. Cependant, à la même époque, le savant évêque d’Avranches, Huet, cite le «Zohar» dans sa Démonstration évangélique (VIIᵉ Prop., XV; Migne, Dém. Evang., V, col. 521.)
Beaucoup regardent le «Zohar» comme une œuvre relativement moderne due à Moïse de Léon (1309). Du moins celui-ci en aurait-il été le compilateur. Et par une fiction littéraire, il aurait mis son œuvre sous le nom de Rabbi Siméon ben Jochaï pour lui donner plus de poids.
Richard Simon, dans une lettre citée par Sommer (Specimen theologiæ soharicæ), parle «d’un faux Zohar, connu sous le nom de Zohar de Messer Léon, n’agant presque rien de commun avec le véritable Zohar imprimé à Crémone». C’est un rabbin qui donna ce ren-
ᵃ Plusieurs passages du Zohar ont été publiés en latin par Knorr de Rosenroth, dans sa Kabbala denudata. (Sulzbach.) Cette traduction n’est pas très exacte.
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seignement à Richard Simon. (In epistola ad Dn. Hardi, quœ extat Tom. III, epist. select., p. 8.) Cette qualification de «faux Zohar» et de «véritable Zohar» démontre que l’on connaissait un recueil de ce nom, regardé comme authentique.
Pour quelques-uns, le «Zohar» serait l’œuvre de Rabbi Siméon ben Jochaï et de ses plus proches disciples. Cette opinion n'est plus soutenable depuis les travaux de Jean Morin, de l’Oratoire, et d'autres savants juifs ou chrétiens. L'auteur, ou plutôt les auteurs du «Zohar», resteront probablement toujours inconnus.
L'opinion la plus certaine nous paraît être que le «Zohar» est un recueil de morceaux très anciens, de l'aveu de tous, de vieux midraschim perdus en partie, mélangés à beaucoup de passages modernes. Il est fort possible et probable que bien des doctrines remontent à l'enseignement de Rabbi Siméon (IIᵉ siècle) et de son école. D'après de Pauly, la rédaction des Idras serait même du IIᵉ ou IIIᵉ siècle avant J.-C. Mais cette opinion est repoussée par tous les savants modernes.
Le «Zohar» ne se comprendrait pas, si on lui refusait, de parti pris, et pour toutes ses parties, une réelle antiquité. Bien des critiques voient des infiltrations de l'école Alexandrine dans les doctrines du «Zohar». La filiation est assez difficile à établir entre les Alexandrins et l'époque à laquelle la plupart des savants rapportent la rédaction du «Zohar». Aussi les passages soupçonnés d'alexandrinisme pourraient fort bien avoir été rédigés aux temps mêmes où cette philosophie jetait tant d'éclat. Il n'est pas nécessaire de conclure à une rédaction plus moderne inspirée par les idées de cette école.
Il faut en outre remarquer que des doctrines qui existaient en Israël de toute antiquité, et dont il reste quelques traces dans le Talmud, tel que le dogme du péché originel, disparaissent dans certaines écoles et ne sont plus
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enseignées dès l'apparition du christianisme, par réaction contre cette religion qui les avait prises à son compte. Or, le «Zohar» enseigne en particulier le dogme de la faute originelle; il est donc en ceci, et en bien d'autres choses probablementᵃ, l'écho d'enseignements et de traditions remontant à l'ancienne synagogue et antérieurs à l'époque de l'avènement du christianisme. Bien des idées juives, devenues chrétiennes, persistent dans le «Zohar», sans que, à notre avis, il soit besoin de faire intervenir l'alexandrinisme pour les expliquer.
eLes modernes, auteurs de spéculations cabalistiques ou d'homélies mystiques, ont également laissé leurs œuvres et leurs commentaires s'ajouter au recueil, et se prévaloir du nom de Rabbi Siméon, à qui le moyen âge attribuait exclusivement cet ouvrage. Il est néanmoins certain que même ces passages modernes renferment d'antiques traditions.
Quel a été le compilateur du «Zohar»? —On l'ignore également. S'est-on décidé à publier ces curieuses discussions pour empêcher leur perte totale, comme le croit de Pauly?...
Quoi qu'il en soit, «le Zohar est, après l'Ancien Testament, le monument le plus remarquable de la littérature juive» (Haneberg). Il est placé à côté des Livres Saints dans l'estime des Juifs, et peut-être au-dessus chez les Orientaux. «A part la Bible, il n'y a, dans le christia-
ᵃ Par exemple pour le dogme de la Trinité. Le Zohar enseigne positivement que les trois premières «Séphiroth» n’en font qu'une. On peut donner à ces trois essences le nom de degrés ou d'hypostases, comme dans la théologie chrétienne: c’est la façon la plus claire de les désigner. Le dogme est-il enseigné exactement comme les théologiens chrétiens sont arrivés à le définir et à l’expliquer après dix-neuf siècles, et avec la même clarté, pour répondre à toutes les hérésies? — Certainement non. Mais il nous semble qu’il est enseigné dans le Zohar d’une manière aussi claire qu’il pouvait l’être alors. Pourquoi serait-ce une infiltration alexandrine, et non pas l’écho d’un enseignement caché de l’ancienne synagogue? L’exposition du dogme se perfectionne au fur et à mesure qu’il faut répondre aux erreurs: mais son essence est absolument la même et immuable: elle n’évolue pas. Et la Tri-Unité est, dans le Zohar, comme dans la doctrine chrétienne.
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nisme aucun écrit qui lui soit comparable pour la profondeur et l’élévation des vues» (Molitor).
Nous avons confiance que cette publication fera connaître la Cabale juive jusqu’ici à peu près inconnue dans ses sources. Elle a été diversement et injustement jugée, par des hommes faisant certainement autorité, mais qui, incapables de lire les originaux, ne connaissaient cette doctrine que de seconde ou de troisième main.
Pour nous, le «Zohar» ne saurait être mieux comparé qu’à un fleuve immense et majestueux, dont les eaux claires et limpides à la source (tradition primitive de la Révélation conservée dans toute sa pureté par des hommes justes), sont rendues boueuses et impures par les affluents qu’il reçoit dans son cours (fausses doctrines sur l’essence de Dieu, traditions primitives obscurcies par le péché et les passions humaines); mais qui, malgré cela, roule, dans ses flots tumultueux et troublés, des pépites d’or pur et des pierres précieuses que le lecteur instruit et sage peut recueillir, —mais lui seul,— car il ne faut pas oublier ce mot de Pascal: «Travaillez à vous convaincre, non pas par l’augmentation des preuves de Dieu, mais par la diminution de vos passions.»
La Lumière n’est donnée qu’à ce prix. Elle est soumise à nos volontés. Et c’est la Lumière du monde.
Qu’il nous soit permis, en terminant, de rendre hommage à la mémoire de l’humble et grand savant qu’était Jean de Pauly. Le travail qu’il avait entrepris et mené à bien pouvait épuiser un homme, au dire de savants qui ont examiné son œuvre. Il venait de le finir, quand il est mort, à 40 ans, après une vie d’agitations, de déceptions et de souffrances, et avec l’espoir, nous disait-il, «que la Schekhina lui tiendrait compte de son immense effort, en le conduisant à l’Ancien des Jours»!
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Notre reconnaissance et celle de nos lecteurs est aussi acquise aux savants qui ont revu cette œuvre, ainsi qu’à toutes les personnes amies, de tous les mondes et de tous les cultes, dont le concours moral ou effectif nous a permis de publier un ouvrage aussi considérable.
Livré à nos seules forces, nous demandons au lecteur son indulgence pour les imperfections de forme qui se sont certainement glissées dans notre publication.
C’est ainsi que quelques tournures peu françaises de de Pauly ont pu nous échapper.
Nous prions aussi les savants de ne pas nous tenir rigueur des variations qu’ils trouveraient dans la transcription latine des caractères hébraïques ou dans l’orthographe de certains mots.
Ainsi le צ peut se transcrire ç, z ou tz. On rencontrera ces différentes transcriptions pour d’autres caractères encore, nous le savons. Mais nous n’avons pu mieux faire. Nous nous sommes seulement efforcés de toujours transcrire le même mot de la même manière.
Au surplus, nous prions le lecteur de consulter les corrections portées à la fin de chaque volume.
Émile LAFUMA-GIRAUD.
Paviot, 19 septembre 1905.
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Rabbi Hizqiya¹ ouvrit une de ses conférences par l’exorde suivant: Il est écritᵃ: «Telle que la rose entre les épines, telle est ma bien-aimée entre les filles.» Que désigne le mot rose? Il désigne la «communauté d’Israël»². De même que la rose est rouge et blanche, de même la communauté d'Israël subit tantôt la rigueur et tantôt la clémence; et de même que la rose est pourvue de treize pétales, de même la communauté d’Israël est environnée de treize voiesᵇ de miséricorde. Ainsi, au commencement de la Genèseᶜ, entre la première mention du nom divin «Élohim» (אלהים) et la seconde, il y a treize mots qui, comme les treize voies de miséricorde, entourent la communauté d’Israël et la gardent. Puis, il est fait une autre mention du nom divin «Élohim». Pourquoi cette autre mention? Pour indiquer le mystère que symbolisent les cinq pétales forts qui entourent la rose. Ce nombre de cinq désigne les cinq voies du salut et correspond³ aux cinq portes de la grâce. C’est à ce mystère que font allusion les paroles de l’Ecritureᵈ: «Je prendrai le «calice
¹ Le Zohare Hammah, d’après un ms. de Palestine, lit «Rabbi Éléazar».
² Selon tous les commentateurs בגין דאית שושנה ואית שושנה est une glose ou note marginale expliquant l’expression בין החוחים. Aussi dans toutes les éditions, excepté M., ces mots sont-ils placés entre parenthèses.
³ M. et S. ont אוררון au lieu de ואינון.
ᵃ Cant., II, 2. Cf. Zohar, II,189ᵇ.
ᵇ Cf. Zohar, III, 233ᵇ.
ᶜ Gen., I, 1 et 2. Cf. Zohar, III, 131ᵇ et 147ᵃ.
ᵈ Ps., CXV, 13.
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du salut» et j’invoquerai le nom du Seigneur.» Le «calice du salut» désigneᵃ la «coupe des bénédictions» qui doit reposer sur cinq doigts seulementᵇ, semblable à la rose qui est assise sur cinq pétales forts correspondant aux cinq doigts. Ainsi la rose symbolise la «coupe des bénédictions». C’est pourquoi, entre le second «Élohim» et le troisième, il y a cinq mots. Après le troisième «Élohim», est écritᶜ le mot «lumière». Cette lumière a été créée et ensuite cachée et renfermée dans l’«alliance» (ברית), symbole du principe fécondateur qui pénètre dans la rose et la féconde. Et c’est cela qui est appelé dans l’Écritureᵈ «arbre fruitier qui renferme sa semence»; et cette semence fécondante se trouve dans l’«alliance» même. Et de même que le symbole de l’«alliance» est formé de quarante-deux grains de matière fécondante, de même les parties constituantes du nom gravé et ineffable sont les quarante deux lettres avec lesquelles s’opéra l’œuvre de la créationᵉ.
Il est écritᶠ: «Au commencement.» Rabbi Siméon ouvrit une de ses conférences par l’exorde suivant: «Les «fleurs»ᶢ paraissent sur la terre, l'époque de tailler est venue et la voix de la tourterelle s'est fait entendre dans notre pays.» «Les fleurs», c’est l’œuvre de la création. «Paraissent sur la terre», quand? Au troisième jour de la création, comme il est ditʰ au troisième jour «la terre produisit»; donc les fleurs parurent ce jour-là sur la terre. «L’époque de tailler est venue» désigne le quatrième jour de la création, dans lequel eut lieu la chute des démons. C’est en raison de cet événement que le mot «M’oroth» ͥ (= Lumières) est écrit sans vav (מארת) et peut se traduire par «malédiction». «Et la voix de la tourterelle» désigne le cinquième jour de la création; car à propos de ce jour il est écritʲ: «Faisons l’homme», l’homme qui, plus tard, lors de la proclamation de la loi, dira: «Nous ferons» avant de dire: «Nous entendrons»ᵏ, cest-à-dire
ᵃ Cf. Talmud, tr. Pesaḥim, 119ᵇ et Zohar, II, 169ᵃ.
ᵇ Talmud, tr. Berakhoth, 51ᵃ.
ᶜ Gen., I, 3.
ᵈ Ibid., 29.
ᵉ Cf. Zohar, II, 187ᵃ.
ᶠ Gen., I, 1.
ᶢ Cant., II,12; cf. Zohar, I, 97ᵃ et III, 4ᵇ.
ʰ Gen., I, 12.
ͥ Cf. Taanith, ch. IV, 68ᵇ; Zohar, I, 19ᵇ et 33ᵇ.
ʲ Gen., I, 26.
ᵏ Ex., XIX, 8, XX, 19 et XXIV, 7; cf. Talmud, tr. Sabbath, 68ᵃ.
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qui prendra l’engagement d'observer la loi avant même d'avoir entendu sa proclamation [1ᵇ]. En effet, dans les deux textes se trouve l’expression identique: «Nous ferons.» «Dans notre pays» désigne le jour du Sabbat, symbole du «pays de la vie», qui est le monde futur, monde des âmes, monde des consolations. «Les fleurs», ce sont les âmes des Patriarches, qui préexistaient dans la pensée de Dieu avant la créationᵃ et entrèrent et furent cachées dans l’autre monde, d’où elles émigrent et vont habiter le corps d’un prophète véritable. Ainsi, lorsque Joseph naquit, elles vinrent se cacher en lui; et quand il monta «en terre sainte», il les y fixa. Et c’est là la signification des mots: «Les fleurs paraissent dans le pays»: les âmes des patriarches apparaissent en ce monde. Et quand apparaissent-elles? L’Ecriture répond: Au moment où l’arc-en-ciel apparaît en ce monde. Car c’est le moment appelé «l’époque de tailler», c’est-à-dire, le temps d’exterminer les coupablesᵇ de ce monde. Mais pourquoi les coupables sont-ils sauvés? Parce que «les fleurs paraissent sur la terre». Si elles ne paraissaient point, les coupables ne pourraient pas subsister, et le monde ne subsisterait pasᶜ. Et qui soutient le monde et détermine l’apparition des patriarches? C'est la voix des petits enfants¹ qui étudient la Tora; et c’est grâce aux petits enfants que le monde est sauvéᵈ, comme il est écritᵉ: «Nous te ferons des tourterelles d’or», c’est-à-dire les tout jeunes enfants, ainsi qu’il est dit ailleursᶠ: «Tu feras deux chérubins d’or.»
Il est écritᶢ: «Au commencement.» Rabbi Éléazar ouvrit une de ses conférences par l'exorde suivant: «Levezʰ les yeux en haut et considérez qui a créé cela.» «Levez les yeux en haut», vers quel endroit? Vers l’endroit où tous les regards sont tournés. Et quel est cet endroit²? C’est l’«ouverture des yeux» ͥ (פתח עינים).
¹ Certains verront ici, sous cette dénomination de «petits enfants», les Initiés à la doctrine ésotérique.
² C. (בגין דאיהו) au lieu de (ומאן איהו). La leçon de M., S., A. et autres éditions est incontestablement la plus correcte.
ᵃ Cf. Talmud, tr. Sabbath, 88ᵇ; tr. Ḥaguiga, 13ᵇ et 14ᵃ; tr. Zebahim, 116ᵃ.
ᵇ Cf. Zohar, III, 215ᵃ.
ᶜ V. Etz ha-Hayim ch. XIX.
ᵈ Cf. Sᵗ Math., XVIII,10 et XIX, 14.
ᵉ Cant., I, 11.
ᶠ Ex., XXV, 18.
ᶢ Gen., I, 1.
ʰ Isaïe, XL, 26.
ͥ Cf. Talmud, tr. Sotah, f. 10; V. Pardès, sect. Aḥaré Moth, fol. 71ᵇ.
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Là vous apprendrez que le mystérieux Ancien, éternel objet des recherches, a créé cela. Et qui est-il ? — «Mi» (= Qui). C’est celui qui est appelé l’«Extrémité du ciel»ᵃ, en haut, car tout est en son pouvoir. Et¹ c’est parce qu’il est l'éternel objet des recherches, parce qu’il est dans une voie mystérieuse et parce qu’il ne se dévoile point qu'il est appelé «Mi» (= Qui)ᵇ; et au delà il ne faut point approfondirᶜ. Cette Extrémité supérieure du ciel est appelée «Mi» (= Qui). Mais il y a une autre extrémité en bas, appelée «Mâ» (— Quoi). Quelle différence y a-t-il entre l’une et l’autre? La première, mystérieuse, appelée «Mi» est l'éternel objet des recherches; et, après que l’homme a fait des recherches, après qu’il s’est efforcé de méditer et de remonter d’échelon en échelon jusqu’au dernier, il finit par arriver à «Mâ» (= Quoi). Qu’est-ce que tu as appris? qu’est-ce que tu as compris? qu’est-ce que tu as cherché? Car tout est aussi mystérieux qu'auparavant. C’est à ce mystère que font allusion les paroles de l’Écritureᵈ: «Mâ (= Quoi), je te prendrai à témoin, Mâ (= Quoi), je te ressemblerai.» Lorsque le Temple de Jérusalem fut détruit, une voix céleste se fit entendre et dit: «Mâ (= Quoi) te donnera un témoignage», car chaque jour², dès les premiers jours de la création , j’ai témoigné, ainsi qu’il est écritᵉ: «Je prends aujourd’hui à témoin le ciel et la terre.» «Mâ te ressemblera», c'est-à-dire te conférera des couronnes sacrées, tout à fait semblables aux siennes, et te rendra maître du monde, ainsi qu’il est écritᶠ: «Est-ce là la ville d'une beauté si parfaite, etc.», et ailleursᶢ: «Jérusalem qui est bâtie comme une ville dont toutes les parties sont dans une parfaite harmonie entre elles.» «Mâ
¹ C’est par simple inadvertance que F. a omis les mots ועל דקימא לשאלה ואיהו בארח סתים ולא אתגליא אקרי מי דהא לעילא לית תמן שאלה.
² S. B. LL et V. donnent entre parenthèses cette variante: מה אעידך ומה אדמה לן בהאי (ou בההוא) מה אעידך. Le Derekh Emeth cite, d’après le ms. de Palestine, les variantes suivantes: מה אעידך בההוא יומא ומה אדמה לך בכל יומא ויומא.
ᵃ Deut., IV, 32.
ᵇ Cf. Zoliar, I, 30ᵃ; II, 93ᵃ, 126ᵇ et 226ᵃ; III, 193ᵇ.
ᶜ Cf. Ḥaguiga, com, du ch. II.
ᵈ Cf. Zohar, I, 9ᵃ, 16ᵇ, 167ᵃ; II, 138ᵃ, 140ᵃ, 157ᵃ, 211ᵃ; III, 148ᵇ.
ᵉ Lam., II, 13.
ᶠ Deut., XXX,19.
ᶢ Lam., 15.
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(= Quoi) deviendra ton égal»ᵃ, c'est-à-dire il¹ prendra en haut la même attitude que tu observeras en bas; de même que le peuple sacré n’entre plus aujourd’hui dans les murs saints, de même je te promets de ne pas entrer dans ma résidence en haut avant que toutes les troupes soient entrées dans tes murs en bas. Que cela te serve de consolation, puisque sous cette forme de «Quoi» (Mâ) je serai ton égal en toutes choses. Et s’il en est ainsi², «le débordement de tes maux est semblable à une mer»ᵇ. Mais si tu penses que ton mal est sans guérison et sans fin, détrompe-toi, «Mi te guérira»ᶜ². Car (Mi), celui qui est l’échelon supérieur du mystère et dont tout dépend, te guérira et te rétablira; Mi, extrémité du ciel d’en haut, et Mâ, extrémité du ciel d’en bas³. Et c’est là l’héritage de Jacob qui forme le trait d’union entre l’extrémité supérieure Mi et l’extrémité inférieure Mâ, car il se tient au milieu d’elles. Telle est la signification du verset : «Mi (= Qui) a créé cela»ᵈ.
S'adressant à son fils, Rabbi Siméon dit: Éléazar, mon fils, continue à expliquer le verset, afin que soit dévoilé le mystère suprême que les enfants de ce monde ne connaissent pas encore. Rabbi Éléazar garda le silence⁴. Prenant alors la parole, Rabbi Siméon dit: Éléazar, que signifie le mot «Éléh» (= Cela)ᵉ? Il ne peut pas désigner les étoiles et autres astres, puisqu’on les voit toujours et puisque les corps célestes sont créés par a «Mâ», ainsi qu’il est écritᶠ: «Par le Verbe de Dieu, les cieux ont été créés.» Il ne peut pas non plus désigner des objets secrets, attendu
¹ Pour ce qui concerne l’expression כביכול, employée également dans le Talmud et ayant la signification de «s’il est permis de parler ainsi», voir Aroukh, s. v. כביכול.
² S. et A. ont מי קצה השמים לעילא מה etc., ce qui fait supposer que le Zohar lit (Deut., IV,32) מיקצה au lieu de מקצה. Cela est absolument inadmissible.
³ «Attingit ergo a fine usque ad finem fortiter.» Sap., VII, 1.
⁴ Ainsi qu’il résulte du contexte, la phrase בכה רבן שמעון וקאים רגעא חדא doit être placée au folio 2ᵃ avant les mots אמר מי אלעזר שתיקה etc. Elie de Vilna, dans ses notes sur le Zohar, a déjà constaté, qu’il y a interversion; mais il s’est trompé en déplaçant la phrase ופרח אליהו jusqu’à למשמא דא.
ᵃ Ps., CXXII, 3.
ᵇ Lam., l. c.
ᶜ Lam., l. c.
ᵈ Isaïe, XL, 26.
ᵉ Ibid.
ᶠ Ps., XXXIII, 6.
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que le mot «Éléh» ne peut se rapporter qua des choses visibles. Ce mystère ne m’avait pas encore été révélé avant le jour où, comme je me trouvais au bord de la mer, le prophète Élie m'apparut. Il me dit: Rabbi, sais-tu ce que signifient les mots: «Qui (Mi) a créé cela (Éléh)?» Je lui répondis: Le mot «Éléh» désigne les cieux et les corps célestes; l’Écriture recommande à l’homme de contempler les œuvres du Saint, béni soit-il, ainsi qu'il est écritᵃ: «Quand je considère tes cieux, œuvre de tes doigts, etc.» [2ᵃ], et un peu plus loinᵇ: «Dieu, notre maître, que ton nom est admirable sur toute la terre.» Élie me répliqua: Rabbi, ce mot renfermant un secret a été prononcé devant le Saint, béni soit-il, et la signification en fut dévoilée dans l’École céleste; la voici: Lorsque le Mystère de tous les Mystères voulut se manifester, il créa d’abord un pointᶜ, qui devint la Pensée divine; ensuite il y dessina toutes espèces d’images, y grava toutes sortes de figures et y grava enfin la lampe sacrée et mystérieuse, image représentant le mystère le plus sacré¹, œuvre profonde sortie de la Pensée divine. Mais cela n’était que le commencement de l’édifice, existant sans toutefois exister encore, caché dans le Nom, et ne s’appelant à ce moment que «Mi». Alors, voulant se manifester et être appelé par son nom, Dieu s’est revêtu d’un vêtement précieux et resplendissant et créa «Éléh» (Cela), qui s’ajouta à son nom. «Éléh», ajouté à «Mi» renversé, a formé «Elohim». Ainsi le mot «Élohim» n’existait pas avant que fut créé «Éléh». C’est à ce mystère que les coupables qui adorèrent le veau d’or firent allusion lorsqu’ils s’écrièrentᵈ: «Éléh» est ton Dieu, ô Israël.
Et de même que dans la création² «Mi» reste toujours attaché à «Éléh», de meme en Dieu ces deux noms sont inséparables.
¹ M. ואקדימי שירותא לבנינא. S. et V. ont entre parenthèses ראשיתא au lieu de שירותא. Le Etz ha-Hayim, ch. IV, cite une variante qui porte toutes les marques de l'authenticité : ואקרי מי רזא דקדיש קדישא; cf. Tiqouné Zohar, IX, XII, XVII et XXI.
² M. a וכמה דאשתטף מי במי ברא אלה au lieu de דאשתתף מי באלה, qui n’a aucun sens. C’est pourquoi nous avons traduit: «De même que dans la création, etc.».
ᵃ Ps., VIII, 4.
ᵇ Ibid., 10.
ᶜ Cf. Zohar, I, 15ᵃ; II, 105ᵃ, 226ᵇ et 228ᵃ.
ᵈ Ex., XXXII, 4.
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C’est grâce à ce mystère que le monde existe. Après avoir ainsi parlé, le prophète Élie s’envola et je ne l’ai plus revu. Et c’est de lui que j’ai appris l’explication de ce mystère. Rabbi Éléazar et tous les compagnons s’approchèrent alors de Rabbi Simeon et se prosternèrent devant lui en pleurant. Si nous n’étions venus en ce monde, disaient-ils, que pour entendre ces paroles, cela nous eût suffi. Continuant son discours, Rabbi Siméon dit: Ainsi le ciel et tous les corps célestes ont été créés à l’aide de «Mâ», car il est écritᵃ: «Quand je considère tes cieux, ouvrage de tes doigts, etc.», et un peu plus loinᵇ: «Éternel notre Dieu «Mâ» (= Que) ton nom est admirable sur toute la terre, ô toi qui donnes ta parure au ciel.»¹ «Au ciel», pour s’ajouter à son nom, car une lumière crée l'autre; l’une revêt l'autre et elle s’ajoute au nom d’en haut. Telle est la signification des paroles : «Au commencement, Dieu créa Élohim.» «Éléh» s’ajoutant à «Mi», qui est en haut, forma «Élohim»; car «Mâ», qui est en bas, n’existait pas encore et ne fut créé qu’au moment où les lettres émanaient les unes des autres, «Éléh» d’en haut vers «Éléh» d’en bas; et la mère prête à la fille ses vêtements et la pare de ses joyaux. Et quand est-ce qu’elle la parera de ses joyaux comme il convient? Lorsque² tous les mâles se présenteront devant le Seigneur tout-puissant ainsi qu’il est écritᶜ: «Tous les mâles se présenteront trois fois l'année devant le maître Dieu.» Or, celui-ci est appelé «Maître», ainsi qu’il est écritᵈ: «L’arche de l’alliance, Maître de toute la terre.» Ainsi si on remplace le ה (hé) de Mâ(h), qui est l’image du principe femelle, par la lettre «i» de «Mi», qui est l’image du principe mâle, et si on y ajoute les lettres de «Éléh», émanées d'en haut,
¹ Les lettres ünales des mots תנה הודך על השמים forment le mot מלכה. C'est ce qui fait dire au Zohar que la mère (Mi) prêta sa gloire à sa fille (Éléh) et qu’ainsi fut engendré l’Élohim d'en bas (Mâ).
² ודא אקרא אדון n’ayant aucun rapport avec ce qui précède, le texte authentique est sans doute celui reproduit dans le Tiqouné Zohar, XXI: ואימתי קשיטה לה בקישוטאה etc. « Lorsque sera accomplie la prophétie de l’Écriture: L'arche de l’alliance sera le Seigneur tout puissant, etc.» V. Etz ha-Hayim, ch. LXIII.
ᵃ Ps., VIII, 4.
ᵇ Ibid., 2.
ᶜ Exode, XXIII, 17, et XXXIV, 23.
ᵈ Josué, III, 11.
(9)
grâce à Israël, on forme Èlohim d'en bas. Telle est la signification des paroles de l Écriture: «Mes larmes m'ont servi de pain le jour et la nuit, lorsqu'on me dit tous les jours: Où est ton Élohim?ᵃ Je me suis souvenu de Cela (Éléh) et j’ai répandu mon âme au dedans de moi-même.» «Je me suis souvenu de cela et j’ai versé des larmes», pour faire émaner les lettres les unes des autres, pour faire émaner «Éléh» et former «Élohim», comme il est dit: «Je les ferai descendre» d’en haut «jusqu’à la maison d’Élohim», en bas, pour former un «Élohim» pareil à «Élohim» d’en haut. Par quel moyen? «Par des chants et par des actions de grâces.»
A ces paroles, Rabbi Siméon se mit à pleurer et interrompit son discours. Profitant de cette courte pause, Rabbi Éléazar dit: Mon silence m'a valu un discours de mon père relatif à l’édification du Temple d’en haut et du Temple d’en bas; et ainsi se vérifie le proverbe qui ditᵇ: «La parole vaut un sélà, mais le silence en vaut deux»; car les paroles que j’ai prononcées précédemment valent un sélà; mais le silence que j’ai gardé ensuite en vaut deux, attendu que grâce à ce silence j'ai appris que Dieu a créé les deux mondes, celui d'en haut et celui d'en bas à la fois.
Rabbi Siméon dit: Nous allons maintenant expliquer la seconde partie du verset précitéᶜ: «Qui fait sortir». L'Écriture parle des deux hypostases, dont l’une, c'est-à-dire «Mi», fait sortir l’autre, c’est-à-dire «M⻹. Bien que l’Écriture se serve du mot «sortir», le «Mi» d’en haut et le «Mâ» d’en bas ne sont en réalité qu’une seule et même chose; et quand on dit que «Mâ» sort de «Mi», il ne faut pas prendre le mot «sort» à la lettre. De même on dit dans la bénédiction qu'on prononce avant de manger le painᵈ: «Béni soit Dieu, notre Maître, le Roi de l’Univers, qui fait sortir le pain de la terre.» Ici non plus le mot
¹ M. et C. n’ont pas les mots דאצטריך למהוי רשים כל חד מנייהו. D’après le Mikdasch Mélekh, ces mots doivent être placés au folio 7ᵃ, après les mots בההיא דיוקנא דבני אדם דהאי עלמא וכו.
ᵃ Ps., XLII, 4.
ᵇ Talmud, tr. Meguilla, 17ᵇ et Bamidbar Rabba, sect. Balak.
ᶜ Isaïe, LX, 26.
ᵈ Talmud, tr. Berakhot, 35ᵇ.
(10)
«sortir» ne doit pas être pris à la lettre. «Leursᵃ armées dans le nombre», c’est-à-dire le nombre de six cent mille, qui se tiennent tous comme un seul homme, ce sont les armées de «Mi» et celles de «Ma»ᵇ. On ne parle ici que des classes, car leurs subdivisions sont innombrables¹. « Il appela par le nom.»ᶜ Que signifient ces mots? Diras-tu qu’il les appela par leurs noms? Dans ce cas il faudrait : par son nom (chacun par son nom); mais voici ce que cela signifie : «Lorsque ce degré n'était pas encore entré dans le nom, et qu'il s’appelait seulement «Mi», il (Dieu) n’enfantait² ni produisait les choses cachées, chacune selon son espèce, bien que toutes fussent cachées en lui. Mais dès qu’il eut créé Éléh, que Éléh se fut ajouté à son nom et qu'il fut appelé Élohim (אלה + מי), alors, par la vertu de ce nom, il les produisit en totalité. C’est là le sens de: «Il appela par le nom»; par son nom il appela et produisit toutes les espèces destinées à exister. C’est de la même façon qu’il est écrite: «Vois: j'ai appelé par le nom (Beçalel)», c’est-à-dire: j’ai prononcé mon nom pour que Beçalel fût établi dans ses fonctions. «De beaucoup la grandeur.»ᵉ Que signifient les mots: «De beaucoup la grandeur»? Cela veut dire que la volonté de Dieu, qui s’accomplit à la première échelle, s’accomplit également en bas [2ᵇ] par une voie mystérieuse. «Et puissant en force.» C’est le mystère du monde céleste, à savoir qu’il (le mot Éléh) est entré dans le nom Élohim, comme nous l’avons dit³. «Aucun homme ne manque»ᶠ, c’est-à-dire «aucun ne manque» de ces six cent mille qu’il a produits par la vertu du noms. De même⁴ que les Israélites, alors même qu’ils étaient décimés par suite de leurs péchés, ont toujours conservé le nombre
¹ F. et L. ont, entre parenthèses, une variante כגוןנא דא. Ces mots n’ont aucun sens.
² A., LL. et F. ont ולא אפיק טמירין לזניה, c’est-à-dire ne pouvait faire luire les lumières de son essence.
³ C’est-à-dire que Dieu est devenu puissant par la force ou vertu du mot Éléh qui est entré dans son nom.
⁴ Glose ajoutée par Hayïm Vital en marge d’un manuscrit, et interpolée pour la première fois dans l’édition LL. V. Mikdasch Mélekh, a.1.
ᵃ Isaïe, l.c.
ᵇ Cf. Zohar, II, 138ᵇ et 168ᵇ.
ᶜ Isaïe, l.c.
ᵈ Exode, XXI, 2 et 3; cf. Zohar, II, 231ᵇ
ᵉ Isaïe, l.c.
ᶠ Isaïe, l.c.
ᵍ Cf. Zohar, I,157ᵃ, et II, 22ᵃ.
(11)
de six cent mille, à chaque dénombrement, sans qu'un seul homme manquâtᵃ, de même aucun des mondes ici-bas ne manquera jamais, parce qu’ils correspondent aux armées célestes.
Il est écrit: «Au commencement» Rab Hammenouna, le Vieillard, dit: Nous trouvons au commencement de la Genèse un renversement d'ordre des lettres initiales. Ainsi les deux premiers mots de la Genèse ont pour initiales la lettre Beth (ב): Bereschith (= au commencement), Bara (= créa), et les deux mots suivants ont pour initiales la lettre Aleph (א): Élohim (= Dieu), Eth (= Le). Voici la raison de cette interversion: Déjàᵇ, deux mille ans avant la création du monde, les lettres étaient cachées, et le Saint, béni soit-il, les contemplait et en faisait ses délices. Lorsqu’ilᶜ voulut créer le monde, toutes les lettres, mais dans l’ordre renverséᵈ, vinrent se présenter devant lui. Ce fut la lettre Thav (ת) qui se présenta la première. Maître des mondes, dit-elle, qu'il te plaise de te servir de moi pour opérer la création du monde, attendu que je forme la lettre finale du mot Émeth (= Vérité) gravé sur ton sceau; et, comme toi-même tu es appelé Émeth, il convient au Roi de commencer par la lettre finale du mot Émeth et de s'en servir pour opérer la création du monde. Le Saint, béni soit-il, lui répondit: Tu es, en effet, digne; mais il ne convient pas que je me serve de toi pour opérer la création du monde, parce que tu es destinée à être marquée sur le front des hommes fidèlesᵉ qui ont observé la loi depuis l’Aleph jusqu’au Thav, et à être ainsi mêlée à la mortᶠ¹, et aussi parce que tu formes la lettre finale du mot Maveth (= Mort). Pour ces raisons, il ne me convient pas de me
¹ וברשימו דלך ימותון ne veut pas dire «qui mourront en raison de ta marque», puisque c’est le contraire qui a eu lieu, et que tous ceux qui portaient la marque étaient ménagés. Dans le Tiqouné Zohar, fol. 74ᵃ, où se trouve répété le même passage, on lit ואנת בהדי מותא, c’est-à-dire «tu es mêlé à la mort».
ᵃ V. Bamidbar Rabba, sect. Qui tissa.
ᵇ Comp. tout le morceau avec «Othiot de R. Akiba» publié par Jellinek dans Beth ha-Midrasch, t. III, 13-64.
ᶜ Cf. Zohar, I, 204ᵃ et 205ᵇ.
ᵈ V. Tiqouné Zohar, fol. 74ᵃ.
ᵉ Ézéch, IX, 6; cf. Talm. Sabbath, 55ᵃ.
ᶠ V. Sᵗ Jérôme, praef. in Lib. Reg., et Origène, in Ézech., IX.
(12)
servir de toi pour opérer la création du monde. La lettre Thav sortit immédiatement. La lettre Schin (ש) entra alors, et, après avoir formulé la même demande, elle fit valoir l’initiale du nom divin Schadaï, qui est un Schin; il convient, dit-elle, que l'on se serve de initiale du nom sacré Schadaï, pour opérer la création du monde. Dieu lui répondit: En effet, tu es digne, tu es bonne et tu es vraie. Mais des faussaires se serviront de toi pour affirmer leurs mensonges, en t’associant les deux lettres Qoph (ק) et Resch (ר) pour former ainsi le mot Schéqer (= Mensonge). De ces paroles, il résulte, que pour faire accepter leurs mensonges, les menteurs sont obligés d’y mêler aussi un principe de vraiᵃ. C’est pourquoi le mot Schéqer (= Mensonge) est l’anagramme du mot Qéscher (= Nœud, Faisceau), parce que, pour faire accepter les mensonges, le menteur est obligé de commencer par dire une vérité (Sch), à laquelle il ajoute ensuite le mensonge (Q et R)ᵇ, de façon à lier ces deux ensemble. Aussi, bien que tu sois vraie, ô lettre Schin, puisque les trois patriarches seront réunis en toiᶜ, il ne convient pas de me servir de toi pour opérer la création du monde, parce que tu seras souvent associée aux deux lettres Q et R qui sont du mauvais côté, du côté du démon. Quand la lettre Schin eut entendu ces paroles, elle sortit. Ce que voyant, les lettres Q et R (ק et ר) n’osèrent pas se présenter. La lettre Çaddi (צ) entra ensuite et formula la meme demande, en se réclamant du fait que le mot juste (Çaddiqîm) appliqué aux hommes et à Dieu commence par la lettre Çaddi, ainsi qu’il est écritᵈ: «Car le Seigneur est juste (Çaddiq) et il aime la justice (Çedaqoth).» Dieu lui répondit: En effet, tu es juste, ô lettre Çaddi; mais il ne me convient pas de me servir de toi pour opérer la création du monde, attendu que tu dois être cachée pour ne pas donner prise à l’erreur. Car ta forme primitive est un Noun (נ) oblique, principe femelle, sur lequel vient s’ajouter un Yod (י), principe mâle. Et tel est¹ le mys
¹ Toutes les éditions ont ורזא דא כד; la leçon ומרזא דא se trouve seulement en B. et n’est acceptée par aucun commentateur rabbinique.
ᵃ Cf. Zohar, II, 215ᵇ.
ᵇ Cf. Zoliar, 148ᵇ et 264ᵃ.
ᶜ V. Bahya, Exode, vi, 3.
ᵈ Ps., XI, 7.
(13)
tère de la création du premier homme, qui fut créé à double face, deux figures tournées en sens inverse, dos contre dosᵃ; et c’est pourquoi le Yod est présenté de dos (צ), non de face (צ), soit qu'il regarde en haut, soit qu’il regarde en bas. Toi aussi, dit Dieu à Çaddi, tu seras un jour divisée en deux, mais tu iras autre part. La lettre Çaddi sortit et s’en alla. La lettre Pé (פ) entra ensuite et formula la même demande, en faisant valoir ce fait que le mot «Pedouth» (= Délivrance, que Dieu doit accomplir un jour dans le monde) commence par un P. Dieu lui répondit: Tu es digne, en effet; mais le mot «Péscha» (= Péché) commence également par un P. Tu as, en outre, la tête baissée (פ)¹, symbole du pécheur qui, honteux, baisse la tête et étend les bras. A la lettre Ayin (ע), Dieu répondit qu'elle commence le mot «Avon» (= Crime); bien qu’elle fit valoir le fait qu’elle commence également le mot «Anava») (= Modestie), le Saint, béni soit-il, lui dit: Je ne me servirai pas de toi pour opérer la création du monde. Quand elle sortit, la lettre Samekh (ס) entra [3ᵃ] et formula la même demande que les lettres précédentes en se réclamant de ce fait que le verset où il est ditᵇ: «Le Seigneur soutient tous ceux qui chancellent», commence par un mot dont l’initiale est un Samekh (Samekh = Soutien). Dieu lui répondit: C’est précisément à cause de ta destination que tu dois rester à ta place; car, si je t’enlevais de ta place pour me servir de toi pour opérer la création du monde, qu’adviendrait-il de ceux qui sont près de tomber, puisqu’ils s’appuient sur toi? La lettre sortit immédiatement. A la lettre Noun (נ), qui lit valoir le fait que les mots «Nora» (= craint) et «Nava» (= Beau) commencent par cette lettre, Dieu répondit: Retourne à ta place, car c’est à cause de toi que le Samekh est retourné à la sienne et appuie-toi sur lui, (le Noun étant l'initiale de Nophelim «ceux qui chancellent» du verset précité). Incontinent, retournant à sa place, elle sortit. La lettre Mêm (מ) fit valoir le fait qu’elle est l’initiale du mot
¹ Selon le Mikdasch Melekli, a. 1., il faut traduire כנוונא «à l’instar» דחיויא «d’un serpent», au lieu de דחובא «d’un coupable».
ᵃ Cf. T. tr. Eroubin, fᵇ 18ᵃ.
ᵇ Ps., CXLV, 14
(14)
«Mélekh» (= Roi). C’est vrai, lui répondit Dieu; mais je ne me servirai pas de toi pour opérer la création du monde, attendu que le monde a besoin d’un Roi; reste donc à ta place avec les autres lettres formant le mot «Mélekh», c’est à-dire avec la lettre Lamed (ל) et avec la lettre Caph (כ), car il ne sied pas au monde de rester sans Roi. A ce moment, la lettre Caph, vivement impressionnée, descendit du trône glorieux et s’écria: Maître de l’Univers, qu’il te plaise de te servir de moi pour opérer la création du monde, attendu que je suis l'initiale du mot qui exprime ta gloire (Cabod = Gloire). Lorsque la lettre Caph quitta le trône, deux cent mille mondes, ainsi que le trône lui-même, furent ébranlés; la secousse était si violente qu’elle menaçait tous les inondes d'écroulement. Le Saint, béni soit-il, dit alors à cette lettre: O Caph, Caph, pourquoi persistes-tu à rester ici? Retourne à ta place, car je ne me servirai pas de toi pour opérer la création du monde, parce que tu es l’initiale du mot exprimant l'extermination (Calaᵃ¹ = exterminer). Retourne donc à ton trône et reste-là. Aussitôt la lettre sortit et retourna à sa place. La lettre Yod (י) entra ensuite et formula la même demande en faisant valoir ce fait qu’elle forme l’initiale du nom sacré (יהוה). Dieu lui répondit: C’est assez pour toi d’être gravée et marquée en moimême et d’être le point de départ de toute ma volonté; il ne convient pas de te retrancher de mon nom. Laᵇ lettre Tèth (ט) entra à son tour et formula la demande des lettres précédentes, en faisant valoir ce fait qu elle est l’initiale du mot Tob (= Bon), qui est un des attributs de Dieu, appelé: le Bon et le Juste. Dieu lui répondit: Tu ne serviras pas à la création du monde; d’abord parce que le bien que tu représentes est enfermé et caché en toi, ainsi qu’il est écritᶜ: «O combien est grande l’abondance de votre bonté, que vous avez cachée pour ceux qui vous craignent»;
¹ M. n’a pas les mots כלה ווחרצה,cités d’Isaïe, adjonction qui paraît en effet superflue, puisque au mot פשע et à celui de עוןש le fait seul de la signification a sutli pour exclure l’initiale. D’ailleurs, cette citation de l’Écriture n’ajoute rien à la signification ordinaire du mot.
ᵃ Isaïe, x, 23.
ᵇ Cf. Zohar, II, 152ᵃ.
ᶜ Ps., XXXI, 20.
(15)
donc le bien est réservé pour le inonde futur; tu n'as, par conséquent, rien de commun avec le monde que je veux créer maintenant. Ensuite, parce que c’est précisément à cause du bien que tu caches en toi que les portes du temple seront enfoncées dans la terre, ainsi qu’il est écritᵃ: «Ses portes sont enfoncées dans la terre.» Et enfin parce que tu as pour voisine la lettre Ḥeth (nח), avec laquelle tu constitues le mot qui désigne le péché: Ḥeth. C’est aussi pour cette raison que ces deux lettres (ח et ט) ne figureront dans aucun des noms des douze saintes tribus. La lettre Ḥeth sortit alors immédiatement. Ensuite entra la lettre Zayin (ז) qui formula la même demande que les lettres précédentes, en faisant valoir qu'elle est l’initiale du mot qui commence le verset concernant l’ordonnance du repos sabbatique, ainsi qu’il estécritᵇ: «Souviens-toi de sanctifier le jour du Sabbat.» Dieu lui répondit: Je ne me servirai pas de toi pour opérer la création du monde, parce que tu es l'image de la guerre¹, puisque tu as la forme d’un sabre affilé et d’un poignard de guerre, semblable à celle de la lettre finale Noun (ן). La lettre (ז) sortit alors immédiatement. La lettre Vav (ו) entra et formula la même demande que les lettres précédentes, en faisant valoir le fait de faire partie du nom sacré (יהוה). Dieu lui répondit: C'est assez pour toi et pour ta voisine la lettre Hé (ה) de figurer dans mon nom, de constituer le mystère renfermé dans mon nom et d'être gravées et marquées dans mon nom. Aussi ne me servirai-je pas de vous pour opérer la création du monde. Les lettres Daleth (ד) et Ghimmel (ג) entrèrent ensuite et formulèrent à leur tour la demande des lettres précédentes. Dieu leur répondit: C’est assez pour vous également de rester ensemble l’une à côté de l’autre; car il y aura toujours des pauvres dans le mondeᶜ auxquels on doit du secours; or Daleth (= Pauvreté) désigne le pauvre, et Ghimmel (= secourir)
¹ Toutes les éditions ont דאנת אית בך קרבא דשננא ורומחא דקרבא. La répétition de קרבא semble, de prime abord, constituer un pléonasme. Aussi dans les notes de R. Élie de Vilna supprime-t-on le premier קרבא. Il se peut cependant que Z. entende sous cette expression la guerre en général.
ᵃ Lamentations, II, 9.
ᵇ Exode, II, 8; cf. Tiqounim, fol. 75ᵃ.
ᶜ Deutér., XV, 11.
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désigne le bienfaiteur qui assiste le premier. Donc restez l'une à côté de l'autre pour que l’une nourrisse l’autreᵃ. La lettre Beth (ב) entra ensuite en disant: Maitre de l’Univers, qu’il te plaise de te servir de moi pour opérer la création du monde, attendu que je suis l'initiale du mot dont on se sert pour te bénir ( Baroukh = béni soit) en haut et en bas¹. Le Saint, béni soit-il, lui répondit: C’est effectivement de toi que je me servirai pour opérer la création du monde, et tu seras ainsi la base de l’œuvre de la création. La lettre Aleph (א) resta à sa place, sans se présenter. Le Saint, béni soit-il, lui dit: Aleph, Aleph, pourquoi ne t'es-tu pas présentée devant moi, à l’instar de toutes les autres lettres? Elle répondit: Maître de l’Univers, voyant toutes les lettres se présenter devant toi inutilement, pourquoi me serais je présentée aussi? Ensuite [3ᵇ] comme j’ai eu que tu as déjà accordé a la lettre Beth ce don précieux, j’ai compris qu’il ne sied pas au Roi céleste de reprendre le don qu’il a fait à un de ses serviteurs, pour le donner à un autre. Le Saint, béni soit-il, lui répondit: «O Aleph, Aleph, bien que ce soit la lettre Beth dont je me servirai pour opérer la création du monde, tu auras des compensations, car tu seras la première de toutes les lettres, et je n'aurai d'unité qu'en toi, tu seras la base de tous les calculs et de tous les actes faits dans le monde, et on ne saurait trouver d’unité nulle part, si ce n’est dans la lettre Aleph.» De ce qui procède il résulte que le Saint, béni soit-il, a créé les formes des grandes lettres célestes auxquelles correspondent les petites lettres d’ici-bas. C’est pourquoi les premiers deux mots de l'Ecriture ont pour initiales deux Beth (Bereschith Bara) et les deux mots suivants deux Aleph (Élohim Eth), afin d'indiquer les lettres célestes et celles de ce bas monde, lesquelles ne sont en réalité que les seules et mêmes lettres, à l'aide desquelles s’opère tout dans le monde céleste et dans le monde d’ici-bas.
Il est écritᵇ: «Au commencement», Rabbi Youdaï dit: Quelle
¹ LL. et P. n’ont pas les mots לעילא ותתא.
ᵃ Cf. T. tr. Sabbath, 104ᵃ.
ᵇ Genèse, I, 1.
(17)
est l'interprétation anagogique du mot «Bereschith»? Bereschith, au sens anagogique, signifie Ḥocmâ¹ (= la Sagesse), c’est-à-dire, c’est par le mystère sublime et impénétrable de Ḥocmâ que le monde existeᵃ. L'Écriture désigne le Verbe par le mot Bereschith, parce que pour opérer la création, il fut gravé sous la forme d'un tourniquet représentant les six grandes directions célestes, dont émane tout ce qui existe aux six directions de ce monde, les quatre points cardinaux, le haut et le bas. Ces six directions célestes donnent naissance² à six sources, dont les eaux, bien qu'elles prennent des directions différentes, vont, à la fois, se jeter toutes dans le grand océan. La signification du mot Bereschith est donc celle-ci: Bara schith (= il a créé six) et c’est là la signification de Bereschith. Et qui l’a créé? C’est l'ineffable, le Mystérieux, l’Inconnu.
Rabbi Ḥiyâ et Rabbi Yossé voyageaient ensemble. Arrivé à une maison de campagne, Rabbi Ḥiyâ dit à Rabbi Yossé: L’interprétation Bara schith est certainement bien fondée, puisque nous trouvons dans la Genèse les œuvres créées pendant six jours, pas plus; il y a d’autres œuvres cachées dont on parle dans un traité sur les mystères de la Genèse. Le Saine mystérieux a gravé un pointᵇ; et dans ce point il a renfermé toutes les œuvres de la création, comme on renferme tout avec une clef; et cette clef renferme le tout dans un palais. Bien que ce soit le palais qui renferme tout, c’est la clef qui est l’essentiel; c’est elle qui ouvre et qui ferme³. Ce palais renferme des mystères les uns plus grands que les autres. Le palais de la Création est pourvu de cinquante portes. Dix portes donnent à chacun des quatre points cardinaux: ce qui fait quarante portes. Neufᶜ portes donnent au ciel et une
¹ La seconde des trois Séphiroth suprêmes.
² Le mot אתעבידו est souvent employé dans le Z. pour יפקון. V. Z., I, 234ᵃ; 48ᵃ et 75ᵇ. V. également Nitzoutzé Oroth, a. 1. — 3. «Voici ce que dit le Saint et le Véritable qui a la clef de David: qui ouvre et personne ne ferme, qui ferme et personne n ouvre.» (Apoc., IV, 7.) «Je suis la porte; si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé.» (S¹ Jean, X, 9.)
ᵃ V. Tiqounim, fol. 36ᵃ.
ᵇ Cf. Zohar, I, 2ᵃ, 15ᵃ et 40ᵇ.
ᶜ Cf. Tiqounim, fol. 63ᵇ.
(18)
porte, laquelle on ne sait pas si elle donne accès en haut ou en bas; c’est pourquoi elle est mystérieuse. Une seule serrure est à toutes ces portes. Il y a un endroit pour recevoir la clef; cet endroit porte l’empreinte de la clef; on ne peut le connaître que par la clef. Et voici à quoi fait allusion le «Bereschith bara Elohim». Bereschith c’est la clef qui renferme tout. C'est elle qui ouvre et qui ferme les six portes qui donnent accès aux six directions et qui par conséquent les contient en elle. Bereschith contient un mot ouvert, cest-à-dire fécond: schith, en même temps qu’un mot fermé, c’est-à-dire stérile: bara. R. Yossé dit: C’est bien là l’explication du verset. Je l'ai entendu de la Lampe sacrée¹, qui disait que Dieu avait créé un mot fermé. Tant que la création était fermée par le mot «bara» le monde ne pouvait pas encore exister, et le Tohou² planait sur tout. Et, lorsque Touhou dominait, le monde n’existait pas. Tant que les cinquante portes du palais étaient fermées, les œuvres de la création sont demeurées stériles et infructueuses. Et quand est-ce que cette clef a ouvert et rendu fécond le monde? — Lorsque Abraham vint, comme dit le versetᵇ: «Cela (Éléh) est les produits du ciel et de la terre, behibaram (= lorsqu'ils furent créés)»; or nous avons apprisᶜ que ((behibaram » est l’anagramme du mot : beabraham (= par Abraham). La création, qui était d’abord fermée par le mot Bara ,fut ouverte et fécondée par la transposition des lettres du mot « bara » en (( E ber^ » (*ûK, *ra), principe sacré sur lequel repose le monde^ Le nom de Dieu Elohim , ainsi que celui d'Abraham se sont complétés de la meme façon. Le premier aspect de « Eber » (commencement du nom d’Abraham) est (( Bara », le premier aspect du Mystérieux caché (Dieu = Elohim) est « Mi »; « Mi » a créé « Éléh » ; (( Ma » qui en découle est également un des aspects du nom divin. Si, détachant le M (û) de « Mi » et de (( Ma », nous ajoutons le lod (•») et le lié (n) qui restent, l’un à « Éléh », l’autre à « Eber », il ne manquera plus que la même finale M (d) pour former les deux noms (( Elohim » et (( Abraham ». [4 a ] D’autres expliquent la
¹ Rabbi Siméon.
ᵃ Gen., i, 1 et 2.
ᵇ Gen., n, 4.
ᶜ Üereschitli Rabba, i.
(19)
En prononçant ces paroles, Rabbi Siméon s’écria en pleurant: J’ai de la peine à parler et j’ai de la peine à garder le silence. Si je parle, les méchants sauront comment servir leur Maître. Et en tardant le silence, je priverai mes collègues de la connaissance de ce fait que, de même que dans les régions supérieures il y a une crainte de Dieu, de même il y a en bas une crainte mauvaise. L’homme, dont la crainte du Seigneur est motivée par la crainte des peines, tombe au pouvoir des démons qui deviendront ses bourreaux. Une telle crainte n’est pas appelée une crainte du Seigneur, mais une crainte du mal. C’est pourquoi l’Écriture, spécifie le genre de crainte qui est le commencement de la Sagesse: la crainte du Seigneur. Dans le premier verset de la Genèse, se trouve résumé ce commandement, qui est la base de tous les autres. Quiconque observe ce commandement arrive à observer tous les autres; et celui qui l’enfreint enfreindra tous les autres, attendu qu’il constitue la porte d’entrée de tous les commandements. C’est pourquoi il est écrit : «Be-reschith», c'est-à-dire, «avec le commencement», qui est la crainte véritable du Seigneur: «Créa Dieu, les cieux et la terre». Celui qui viole l’un (la loi de la crainte) viole les commandements de la loi, et sa punition est désignée par les mots¹: «Et la terre était thohou et bohou; et les ténèbres couvraient la face de l’abîme; et l’esprit de Dieu planait sur les eaux.» Dans ce verset sont indiqués les quatre genres de peine capitale que l’on inflige aux coupablesᵃ. Le mot «thohou» désigne la peine de la strangulation, ainsi qu’il est écritᵇ: «Le cordeau de thohou.» Le mot «bohou» désigne la peine de la lapidation, parce que les pierres s’enfoncent dans le grand abîme pour la punition des coupables. Les mois «et les ténèbres» désignent la
¹ S. et V. ont cette variante: «Comme la crainte du Seigneur est la seule base des cieux et de la terre, il s'ensuit que, si les hommes n’avaient pas cette crainte, les cieux et la terre s’effondreraient, ainsi que cela est arrivé aux coupables de Sodome. C'est pourquoi l'Écriture dit: Au commencement, créa Dieu, les cieux et la terre, c'est-à-clire: c’est sur la base de la crainte du Seigneur que Dieu créa les cieux et la terre.»
ᵃ V. Talmud, tr. Sanhédrin, fol. 49ᵇ.
ᵇ Isaïe, XXXIV, 11.
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Prisca Theosophia
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